L'ombre de Marie Kondo
Le printemps n'a pas connu l'entrée en scène à laquelle on l'a habitué. Dans nos vies rythmées par les conférences de presse de François Legault réitérant la nécessité de rester encabané et le clignotement des lumières extérieures des maisons à 20 h 30, on a un peu mis de côté ce qui habituellement alimente toutes nos conversations et nous fait sortir de notre torpeur hivernale. Notre hivernation n'est plus saisonnière, elle est sanitaire.
«C'est quoi la saison après l'hiver?», m'a demandé un de mes enfants (dont je tairai l'identité, par charité). Misère, le printemps est donc à ce point relégué aux oubliettes?
La nature doit bien le savoir qu'une nouvelle saison est arrivée! J'ai donc demandé à mon père si le printemps avait commencé à chatouiller les érables. «Pas une goutte dans les chaudières. On n'entend aucun bruit dans le bois. Presque pas d'oiseaux, rien. Il fait encore pas mal froid...»
Donc en théorie, le printemps est là mais en pratique, c'est une autre histoire.
Heureusement, bien que le contexte soit sans précédent, son arrivée bénéfique n'est pas complètement passée inaperçue, pas chez nous en tout cas. Durant la fin de semaine, on s'est livré à un petit rituel printanier: le grand ménage. On s'est d'abord attaqué aux chambres des garçons. Il faut dire d'emblée que la seule prononciation du mot ménage suffit généralement à déclencher une opposition sans réplique possible. Cette fois, c'était différent. J'ai même été témoin d'une certaine motivation de mes cocos à rendre plus douillet, ce petit nid que le confinement nous oblige à habiter comme jamais. Un petit miracle!
Quand même, je ne suis pas allée jusqu'à leur proposer d'appliquer à la lettre la méthode de Marie Kondo mais disons qu'on a épuré pour la peine. On doit avoir déniché une bonne dizaine de rondelles de hockey camouflées dans les moindres recoins de la chambre d'Alexis! On en a gardé une. Celle de son tour du chapeau réalisé durant la dernière saison cruellement écourtée en pleines séries. On a saisi l'occasion pour en jaser et réorganiser ses souvenirs des dernières saisons. Je le sentais apaisé.
Samuel a dit au revoir aux jouets «trop bébé» et à plusieurs toutous qui n'éveillaient plus autant d'enthousiasme qu'avant. Il demeure cependant beaucoup trop conservateur pour ses pantalons préférés aux genoux usés qui ne grandissent malheureusement pas au même rythme que lui. Ils lui procurent encore de la joie! Marie, on fait quoi?
À la fin de la journée, mon grand Alexis était tellement fier du résultat. Le lendemain matin, il a même fait son lit sans qu'on lui demande! Mais je ne me fais pas d'illusion, le printemps ne dure qu'un temps...
Je ne sais pas chez vous mais les arcs-en-ciel ont poussé en grand nombre durant les derniers jours dans notre quartier. Le mouvement Ça va bien aller prend de l'ampleur parce qu'il n'y a pas mieux que la couleur pour nourrir l'espoir. Construction de Legos, arche de ballons, œuvres dans les fenêtres, les créations sont nombreuses et variées. Chantal, une enseignante à la retraite, soulignait que la multiplication de ces créations donnait l'impression de déambuler dans une galerie d'art. Chez les Turcotte-Alarie, on a aussi fait notre part. Sur l'asphalte qui se dégarni de plus en plus, on a aussi déposé nos couleurs pour soutenir, encourager et marquer notre désir de voir les choses reprendre leur cours normal.
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